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Le coronavirus à l’assaut des bourses ?

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Chaque jour, les titres des journaux nous parlent de la propagation du coronavirus (COVID-19). Nous constatons depuis fin-février que les bourses ne sont pas vaccinées contre ce type d’incertitude. Que nous apprend le passé ? Une fois l’incertitude liée à ce type de facteurs passée, les marchés reprennent leur rythme de croissance. Envisageons les conséquences médicales, économiques et boursières du coronavirus à la lumière du cas du SRAS en 2003.

Le coronavirus, plus qu’un SRAS

Rappelons les faits. De novembre 2002 à mars 2003, le virus SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère) a sévi à partir de la province chinoise de Guangdong. Il s’est répandu dans le monde entier via les transports aériens. Au total : 8 098 cas et 774 décès dans les 17 pays affectés.

Depuis fin 2019, une variante du SRAS, le coronavirus, se déclare dans la région autour de la ville Wuhan en Chine. Pour l’instant, plus de 90 % des cas sont cantonnés à la Chine. La transmission interhumaine s’opère surtout par l’intermédiaire de voyageurs vers différents pays d’Asie avant d’atteindre le reste du monde.

Depuis fin janvier, les inquiétudes grandissent quant à son impact sanitaire et économique. Sa progression est très rapide et le nombre de cas est interpellant : au 4 mars 2020, on dénombre plus de 95 000 cas déclarés (dont plus de 53 500 guéris) et plus de 3 200 morts. Des chiffres largement supérieurs au nombre de victimes de 2003. Toutefois, le taux de mortalité paraît plus bas qu’en 2002-2003 (3,5 % pour l’instant pour le coronavirus contre 9,6 % pour le SRAS).

Cette fois, les autorités chinoises semblent progressivement faire montre d’un peu plus de transparence et de rigueur dans la gestion de la communication autour de la propagation de ce virus. Avec succès, semble-t-il : début mars, l’épidémie montre des signes de stagnation en Chine alors que les entreprises redémarrent progressivement leurs activités. Les gouvernements des autres pays touchés prennent également des mesures draconiennes afin de lutter contre ce virus.

Contamination de l’économie

Les conséquences économiques d’une épidémie s’expriment sous forme d’un choc de l’offre (ruptures dans la production, réduction de la main-d’œuvre, baisse de confiance, etc.) et de la demande dans certains secteurs (par exemple, les loisirs, les transports et le commerce de détail).

En 2003, la conjoncture chinoise avait été durement touchée par le SRAS avec une croissance de 3,5 % contre 10 % un an auparavant. Toutefois, après la crise (2004), le rebond fut spectaculaire avec une croissance de 13,5 %. Dans le reste de l'Asie, la croissance moyenne de la plupart des plus grands producteurs industriels (Corée, Singapour, Taïwan) avait chuté à -2,5 % en mai 2003, mais s'est remise peu de temps après l'éradication du SRAS. Le secteur des services était plus à risque, même s’il a été beaucoup plus résilient. La production industrielle s’était, quant à elle, reprise rapidement après l’épidémie du SRAS.

Reprise de la production industrielle après le SRAS

Industrial Production recovered quickly after SARS V3 FRSource: Bloomberg TD Securities

Le coût de la crise du SRAS en 2003 a été estimé à 40 milliards de dollars à l'échelle planétaire et son impact sur le PIB mondial de 0,1 %. La grande différence actuellement, par rapport à 2003, est l’importance de la Chine au sein de l’économie mondiale.

En effet, plus l’économie mondiale est intégrée et plus le coût global d’une maladie contagieuse comme le SRAS ou le coronavirus s’avérera élevé. En 2002, la Chine représentait 8 % du PIB mondial et 18 % de la croissance mondiale contre 18 % du PIB mondial et 35 % de la croissance mondiale en 2018.

Quel serait l’impact du coronavirus sur l’économie ? Actuellement, au niveau mondial, on prévoit un impact de quelque 0,5 % (soit une croissance de 2,4 % contre 2,9 % précédemment) sur l’ensemble de 2020. Rude premier trimestre au niveau mondial, mais probablement suivi par un rebond au deuxième trimestre. Il serait alimenté par un effet de rattrapage (nombreuses commandes et dépenses ont été reportées suite à la crise). De nombreuses compagnies ont d’ores et déjà averti que ce virus aurait un impact négatif sur leurs activités.

Tout va dépendre, dans les prochaines semaines, de la capacité des autorités à communiquer sur le virus, à juguler l’épidémie, mais également de l'importance du confinement et des annulations de voyages et d’événements. Parallèlement, l'augmentation des mesures de précaution prises par la population a déjà des conséquences visibles sur certains indicateurs économiques. Le retard de contamination entre l’Asie et l’Occident, surtout aux États-Unis, rend le timing de la reprise difficile à prévoir. Les réponses à ces incertitudes permettront d’estimer l’impact possible du virus.

Toutefois, le passé nous apprend que les effets économiques de ce type de crise sont temporaires. En outre, des mesures de relance économique de la part des gouvernements et des banques centrales sont annoncées comme la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine ce mardi.

Impact de ce cygne noir sur les marchés

L'épidémie de SRAS a eu un impact incontestable. Cependant, il reste difficile à quantifier précisément puisqu‘il a été suivi de l’envahissement de l’Irak par les États-Unis en mars 2003. L'indice MSCI Chine avait plus souffert que les autres indices mondiaux, mais il a rattrapé son retard en six mois. Le schéma ci-dessous est assez éloquent. Un mois après le « pic » de l’épidémie, les marchés ont atteint un gain de 8 %, et 6 mois après, le gain était même de 21,5 %.

Impact des épidémies sur les bourses au niveau mondial (MSCI World index) 

World epidemics and global stock market performance V3 FRSource: Charles Schwab
 

Actuellement, la crainte du coronavirus semble avoir plus d’impact sur la bourse elle-même que sur l’économie.

Le coronavirus est-il un cygne noir, un événement exceptionnel, difficile à prévoir impactant fortement les places financières ? La chute des marchés de fin février après l’annonce des premiers décès en Italie peut s’expliquer par une perte de contrôle de l’épidémie, d’un retard dans la réaction des autorités et d’une forte aversion au risque. L’investisseur reste un homme avec ses peurs et sa psychologie, se sentant plus vite concerné par un risque proche que celui qui sévit à l’autre bout de la planète. Comme souvent, cette semaine d’hémorragie boursière (-14 à -15 %) a été suivie par une spectaculaire remontée. L’indice Dow Jones a connu une des plus fortes hausses de son histoire avec pas moins de 5 % ce 2 mars. La nervosité devrait continuer à régner tant que l’incertitude sur le virus persistera.

Stratégie d’investissement : que faire ?

Ne surestimons pas l’impact des crises sanitaires tel l’actuel coronavirus. Elles engendrent des risques pour l’économie à court terme, mais les industries ont une bonne capacité d’adaptation. Ces crises sont, en général, de courte durée et elles s’accompagnent le plus souvent d’un recul temporaire de croissance suivi d’une reprise. Il en va de même pour les bourses.

L’influence de ce type de cygne noir sur les marchés boursiers est difficile à prévoir, mais historiquement, son ampleur reste limitée pour l'investisseur à long terme. Tôt ou tard, le marché devrait se reprendre.

Et pour la gestion ? À court terme, l’équipe de Cadelam reste prudente face à ces incertitudes. Toutefois, la stratégie est axée sur un panier d’actifs bien diversifié géographiquement et sectoriellement. Selon les analystes de Cadelam, les résultats positifs des entreprises au niveau mondial, certes revus à la baisse, devraient constituer une protection supplémentaire quant à la performance des bourses à moyen terme. Découvrez également nos perspectives macroéconomiques : 2020, pas de pauses pour les marchés et l'économie.

Cadelam

Capfi Delen Asset Management (Cadelam) est la filiale de Delen Private Bank qui gère les fonds d’investissement du Groupe Delen. Sa méthodologie d'investissement a comme principal objectif la protection du patrimoine. Afin d’assurer une croissance durable des actifs sous gestion, Cadelam investit dans des entreprises et des secteurs qui offrent des solutions durables aux défis actuels et à venir.

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