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La guerre au Moyen-Orient rend les marchés très nerveux

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Les marchés financiers n’aiment pas les incertitudes. Ils les considèrent comme un risque et se montrent très nerveux lorsqu’elles apparaissent. Vous l’avez remarqué ces derniers temps : les marchés d’actions ont considérablement souffert depuis cet été. Pourtant, l’économie américaine reste en pleine forme et les résultats des entreprises pour le troisième trimestre sont conformes aux attentes. Mais l’éclatement de la guerre au Moyen-Orient est venue accroître les incertitudes. Quelles sont ses implications sur les paramètres fondamentaux qui influencent les marchés boursiers, comme l’économie, l’inflation, les taux d’intérêt et les bénéfices des entreprises ? Nous faisons le point et passons ces facteurs en revue pour vous.

1. La guerre rebat les cartes
2. Les résultats des entreprises sont jugés sévèrement 
3. Aux États-Unis, les consommateurs maintiennent l’économie sur la bonne voie 
4. La persistance de l’inflation de base crée un plateau pour les taux
5. La gestion de votre portefeuille

 

La guerre rebat les cartes

Si la guerre en Israël et à Gaza est avant tout une tragédie humaine, elle aura aussi des conséquences géopolitiques plus larges encore inconnues. Le Moyen-Orient, en plus d’être le théâtre d’un conflit régional, est toujours aussi l’échiquier sur lequel les grandes puissances avancent leurs pions.

Le facteur actuel le plus important pour les marchés boursiers et l’économie est sans aucun doute une pression potentielle à la hausse sur les prix du pétrole. Compte tenu des inquiétudes concernant l’inflation et la fragilité de l’économie, il faut admettre qu’on s’en serait bien passé.

Peut-être vous souvenez-vous de la crise pétrolière des années 1970. Là aussi, l’élément déclencheur était un conflit au Moyen-Orient, avec des conséquences considérables.

Mais heureusement, le monde est un peu différent à cet égard : l’économie mondiale est beaucoup moins dépendante du pétrole qu’à l’époque, le secteur pétrolier est devenu beaucoup plus diversifié et flexible, avec davantage d’acteurs dans le monde, et la concurrence des sources d’énergie alternatives est de plus en plus forte et efficace.

Néanmoins, les prix de l’énergie restent un élément crucial dans l’analyse de l’impact des conflits à l’ampleur géopolitique sur l’économie mondiale. Les nouveaux développements entraînent aussi inévitablement de la volatilité et de la nervosité sur les marchés boursiers, même si une sélection limitée de secteurs finit par tirer profit d’une guerre – la défense et le pétrole, pour prendre les exemples les plus évidents. Toutefois, pour des raisons de durabilité, nous excluons a priori les entreprises du secteur de la défense et nous sous-pondérons celles de l’énergie, car elles ne correspondent pas à la croissance durable et équilibrée que nous visons au travers de nos investissements.

Les résultats des entreprises sont jugés sévèrement 

La saison des résultats du troisième trimestre bat son plein. De façon générale, les résultats des entreprises sont conformes aux attentes, même s'ils varient selon les régions et les secteurs.

Les entreprises américaines publient des chiffres de croissance élevés, à la fois en termes de revenus mais aussi et surtout de bénéfices. Une fois de plus, les « Big Tech » (les grandes entreprises technologiques américaines) se sont montrées sous leur meilleur jour. Au troisième trimestre, elles ont à nouveau enregistré une croissance à deux chiffres de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices, grâce notamment aux performances extraordinaires de leur division « cloud », qui bénéficient de l’intelligence artificielle, et à l’évolution favorable des recettes publicitaires. Pour l’avenir, elles se sont toutefois montrées beaucoup plus prudentes, en particulier en ce qui concerne leurs activités plus cycliques (comme la publicité). Les derniers développements géopolitiques n’ont pas facilité les choses. Certaines valeurs technologiques ont été touchées, même si la performance boursière des « Magnificent Seven » (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvdia, Meta Plaforms et Tesla) depuis le début de l’année reste impressionnante.

Alphabet, la société mère de Google, a annoncé une croissance de 42 % de ses bénéfices et de 11 % de son chiffre d’affaires, mais le cours de ses actions a chuté de près de 10 %, car son activité «cloud» n’a progressé « que » de 22 %, ce qui est inférieur aux attentes des analystes.

Chez Meta (anciennement Facebook), le chiffre d’affaires a augmenté de 23 %. Le bénéfice net a même augmenté de 164 % grâce à l’accélération de la croissance des recettes publicitaires. De quoi faire exploser le cours de l’action ? Au contraire : le conflit au Moyen-Orient enveloppe l’avenir de la société de trop d’incertitudes.

En Europe, les résultats du troisième trimestre ont été plutôt décevants. Le chiffre d’affaires et les bénéfices ont évolué négativement en général, et les bénéfices en particulier ont chuté davantage que prévu. Les analystes avaient prédit que le secteur de l’énergie serait particulièrement touché, ce qui s’est avéré exact. Les entreprises actives dans les secteurs des matériaux et de l’industrie ont également publié des résultats particulièrement décevants.

Dans le secteur des biens de consommation, le bilan est mitigé : les entreprises ont encore pu répercuter les hausses de prix sur leurs clients, mais, ici et là, elles ont enregistré une baisse des volumes. Cela laisse supposer que les hausses de coûts ne pourront plus être répercutées aussi facilement, ce qui pèsera sur les marges bénéficiaires.

Il est frappant de constater la sévérité avec laquelle les investisseurs ont réagi à ces premiers signes de prudence. Les bons résultats ont à peine été récompensés par une hausse du cours de l’action, tandis que les mauvais résultats et les perspectives mitigées ont été impitoyablement sanctionnés. Les valorisations des actions – que nous estimons raisonnables, surtout après la récente chute des cours – semblent laisser peu de place à la déception dans le climat boursier actuel.

Aux États-Unis, les consommateurs maintiennent l’économie sur la bonne voie 

Les derniers chiffres de l’économie américaine – 4,9 % de croissance annualisée du PIB au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent – a une fois de plus défié les prévisions beaucoup plus sombres des économistes. Et cela, après 18 mois de hausses des taux d’intérêt de la Fed, la banque centrale américaine ! Ces hausses n’ont nullement empêché les consommateurs de continuer à dépenser. De même, les entreprises ont continué à embaucher, ce qui a maintenu les fortes tensions sur le marché du travail et entraîné des hausses de salaires de 4 % et plus. Quant aux investissements des ménages et des entreprises, ils sont restés soutenus.

De son côté, l’Europe flirte avec la récession. L’économie de la zone euro a reculé au troisième trimestre (-0,1 %), après une croissance proche de zéro au deuxième trimestre (+0,2 % de croissance). L’économie allemande reste faible (-0,1 %). La Belgique (+0,5 %) et l’Espagne (+0,3 %) sont des exceptions positives. Si la croissance reste également faible au quatrième trimestre, une récession technique (deux trimestres consécutifs de croissance négative) ne peut être exclue dans un certain nombre de pays.

La persistance de l’inflation de base crée un plateau pour les taux

La persévérance des consommateurs américains est d’autant plus remarquable qu’elle apparaît dans le contexte d’une impressionnante série de hausses des taux d’intérêt de la Fed. Cette dernière a relevé ses taux pas moins de 11 fois depuis mars dernier, pour les porter entre 5,25 et 5,5 %, soit le niveau le plus élevé depuis 22 ans. Toutes ces resserrements visaient à réduire l’inflation. Par rapport au pic atteint il y a un an, l’inflation mondiale a déjà fortement diminué, en grande partie grâce à la baisse des prix de l’énergie. Mais malheureusement, la guerre au Moyen-Orient n'est pas sans effet sur les prix du pétrole – cfr. le début de cet article.

Selon les banquiers centraux, l’inflation de base est encore trop élevée et la croissance économique (américaine) trop forte pour passer trop rapidement à une politique de taux d'intérêt plus souple. Nous avons peut-être vu la fin des hausses de taux d’intérêt, mais nous devons maintenant nous attendre à des taux d’intérêt élevés pendant une période plus longue. D’un pic, le graphique des taux évolue à présent vers un plateau. Les analystes ne s’attendent pas à ce que les premières baisses de taux d'intérêt interviennent avant juin 2024. La BCE a maintenu ses taux inchangés à 4 % en octobre. Aux États-Unis, le président Powell a également maintenu les taux mais n’exclut toujours pas une hausse plus tard dans l’année. Les analystes sont toutefois de plus en plus nombreux à penser qu’il n'y aura pas de hausse en décembre.

La gestion de votre portefeuille

La philosophie d'investissement de Delen Private Bank est fondée sur une vision à long terme, visant une croissance durable et responsable. Notre approche prudente garantit une gestion efficace des risques qui s’adapte à l’évolution des circonstances. Nous maintenons aujourd'hui cette approche à long terme, durable et prudente.

Cadelam, le gestionnaire de fonds du Groupe Delen, a légèrement réduit sa pondération en actions ces derniers mois, à des cours très intéressants. En conséquence, les portefeuilles sont sous-pondérés en actions depuis un certain temps, et cette approche prudente est maintenue. Les incertitudes géopolitiques fragilisent la lutte contre l’inflation à long terme, ce qui relègue les espoirs de baisse des taux d’intérêt, s'il y en a, au frigo. La préférence pour les États-Unis reste intacte. Ce choix s’est avéré positif pour les portefeuilles, et les bons résultats du troisième trimestre nous confortent dans ce choix stratégique – même si l’évolution des ventes et des bénéfices pourrait être un peu plus modérée dans les mois à venir.

En outre, Cadelam reste convaincu que les obligations constituent à nouveau une alternative attrayante. À cet égard, nous prévoyons des rendements annuels (en cas de détention jusqu’à échéance) de l'ordre de 4 à 5 % pour les débiteurs très solvables. En période d’incertitude, cette classe d’actifs mérite toute l’attention des investisseurs attentifs aux risques qu’ils prennent.

Qu'est-ce que cela signifie pour le rendement de votre portefeuille ? Pour les portefeuilles entièrement investis depuis le début de l’année, les rendements jusqu’au 31/10/2023 se situent entre 1,8 % et 6,8 %, en fonction du profil d'investissement.

Les mouvements des marchés boursiers s'expliquent par toute une série de facteurs. Les résultats des entreprises et les paramètres économiques – qui s’avèrent toujours très résistants – n’en sont qu'une partie. Les marchés n’aiment pas l’incertitude sur les taux d’intérêt et l’incertitude en général. La guerre au Moyen-Orient, en plus d'être une terrible tragédie pour des milliers de personnes, complique la tâche à ceux qui, comme les analystes boursiers, aiment se projeter dans l’avenir. L’essentiel est donc de garder la tête froide, d’évaluer correctement les nouveaux risques et de s’en tenir à notre stratégie à long terme.

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